Boris Neveu, un Bagnérais champion

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En canoë-kayak, Bagnères-de-Bigorre peut se targuer d’avoir enfanté plusieurs champions : Franck Adisson et Wilfrid Forgues*, médailles d’or aux Jeux Olympiques d’Atlanta en 1996, les frères Lucquet, deux fois vice-champions du monde… et, plus récemment, Boris Neveu, kayakiste hors pair, champion du monde individuel en 2014 à Deep Creek (USA), champion d’Europe en 2015 à Markkleeberg (Allemagne), par ailleurs multiplement titré à l’international. 

Ce kayakiste de 33 ans a déjà une belle carrière derrière lui, laquelle carrière ne souffre que d’un seul drame : pour le moment, elle ne lui a pas permis de décrocher un « billet » pour les Jeux Olympiques. En 2012 et en 2016, la sélection aux JO lui a glissé in extremis entre les doigts, et il s’en est fallu d’un rien qu’il ne la saisisse. Mais les Jeux de Tokyo ne sont pas loin, et Boris Neveu a démontré cette année, en gagnant les championnats de France (pour la quatrième fois), qu’il était au plus haut niveau national. Nous sommes allés nous entretenir avec lui à l’issue des Championnats d’Europe de Pau (ayant eu lieu fin mai – début juin dernier ; championnats d’Europe où il a obtenu une 9e place décevante pour ce Français habitué aux podiums) pour lui parler de la course qu’il venait d’achever et pour évoquer avec lui l’avenir tel qu’il se présente à lui… Portrait.

Le Mag : Boris, on vous cueille à la fin de la course. Vous finissez 9aujourd’hui, qu’avezvous pensé de votre performance aujourd’hui, un peu déçu peut-être ? 

Boris Neveu : Oui, je suis déçu parce que j’avais de quoi jouer et que ça l’a pas fait en bas de parcours. J’étais pourtant bien sur le haut du bassin, j’étais bien dans les chronos inter, je sentais que je montais en puissance, qualification, demi-finale, finale. J’étais dans les chronos pour aller chercher l’or, jusqu’à un petit couac dans les portes 19, 20, 21, et puis derrière je n’ai pas réussi à revenir, à relancer, à remettre de la vitesse. Et puis, voilà, c’est les secondes qui s’envolent, et avec elles la médaille d’or d’abord, puis les podiums : je finis loin à 3 secondes du premier.

Un peu de fatigue accumulée depuis les Championnats de France que vous avez gagnés il y a trois semaines ? 

C’est vrai qu’on a pas mal enchaîné. Les sélections olympiques commencent cette saison avec les coupes du monde, les championnats d’Europe ne sont pas dans les sélections olympiques donc on les a mis un petit peu entre parenthèses. On a fait nos sélections en championnats de France il y a trois semaines, ça durait 15 jours, la semaine d’après on était en stage à Bratislava. Mais je vois d’autres bateaux qui ont eu le même programme, Quentin Burgi [ndlr : médaille de bronze aux Championnats d’Europe], Thomas Martin, eux sont sur les podiums. Donc il ne faut pas non plus se trouver d’excuses : j’avais de quoi jouer et je n’ai pas pris ma chance…

Podiums qui sont de bonne augure pour la suite, pour l’équipe de France ? 

Je l’ai dit déjà plusieurs fois aux médias, on n’était pas forcément dans une bonne dynamique à l’échelle de l’équipe de France, mais cette saison on ne sait jamais : on a des championnats d’Europe à la maison, des championnats du monde qui ne sont pas à la maison mais pas loin, en Espagne à la Seu de Urgell sur un bassin qu’on connaît par coeur, c’est l’occasion de ramener des médailles et de retrouver des podiums. Quant à moi c’est sûr que je suis un peu déçu, mais je sais que je vais vite rebasculer sur la suite : on part mercredi pour Londres, pour la première étape des sélections olympiques : il va falloir retrouver de la fraîcheur et être costaud jusqu’en bas parce que ça va bastonner fort.

Votre objectif c’est donc toujours les JO ? 

C’est ce que je disais tout à l’heure ; un championnat d’Europe à la maison c’est toujours intéressant, mais dans le fond nous on ne vit que pour les Jeux. Être sélectionné olympique à la fin de la saison, c’est ça l’enjeu…

Vous êtes confiant ? 

Oui je suis confiant : j’ai fait de bons championnats de France, j’enchaîne les bonnes manches, alors c’est vrai que je me cherche encore un peu, la manche parfaite elle n’est pas là, mais je pense que j’ai encore plein d’occasions d’aller chercher des médailles. Savoir qu’on est dans les meilleurs chronos c’est plutôt encourageant pour la suite…

Quand vous vous entraîniez petit à Bagnères, vous aviez déjà ces ambitions-là ? Vous prévoyiez d’être un jour champion du monde, ou d’être 4 fois champion de France ? 

Je prévoyais non. Mais je le rêvais, oui. Quand je m’entraînais à Bagnères je savais que d’autres Bagnérais s’étaient déjà hissé au plus haut niveau. Le canoë deux places Adisson-Forgues avait été champion olympique, les frères Lucquet avaient été plusieurs fois médaillés aux championnats du monde… C’est grâce à eux que je me suis dit qu’on pouvait rêver de performances internationales, et que j’ai compris que ce n’est pas parce qu’on est à Bagnères, petit club entre guillemets, qu’on ne va pas pouvoir accéder à de grandes choses. Et puis petit à petit ça s’est construit, j’ai été sélectionné en équipe de France junior et peu de temps après, j’ai vu que je pouvais faire partie des meilleurs séniors internationaux. Ça a été d’abord un rêve, mais c’est vite passé du domaine du rêve à celui d’objectif. Aujourd’hui, je n’ai plus que ça en tête : reste à voir si cette idée pourra se concrétiser en une sélection aux JO, et en une médaille olympique.