Expo «Bel Ordinaire» Reconfiguration des particules

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On a tendance à voir le monde comme un tissu continu de matière, et donc à oublier que ce qui le constitue, à l’échelle infinitésimale, est discret, c’est-à-dire discontinu. Atomes, molécules, cellules, armé d’un microscope, on découvre que la réalité est granuleuse, ce que pressentaient déjà certains penseurs grecs antiques que l’histoire a retenu sous le joli nom d’atomistes…

Les atomes, métaphoriquement, peuvent prendre des formes diverses… Écoulement de sable, ou de gravier, recompositions de matières stratifiées à partie de broyat de pierres et de marbres, multitudes de points sur un écran numérique, qui, par la grâce d’un algorithme, apparaissent et disparaissent en fonction de règles mathématiques élémentaires… Si le terme « particule » est particulièrement séduisant, l’essence de l’exposition collective présentée au Bel Ordinaire réside d’abord dans l’autre mot de son titre : « reconfiguration ». A partir d’éléments irréductibles que l’on amasse, que l’on compresse, que l’on disperse, que l’on diffuse, la réalité se recompose, et ce laboratoire artistique que constitue l’exposition permet d’entrevoir les processus à l’œuvre dans l’organisation mi-systémique / mi-anarchique du réel.

Les artistes ne manquant pas d’imagination pour symboliser, expliciter, rendre visibles ces processus. Ainsi le flux de la matière peut se métaphoriser en une coulée de gravier ensevelissant une batterie (l’instrument de musique, pas la pile !), l’apparente inflorescence de la matière vivante peut se faire jour dans la diffusion d’encre noire sur une simple feuille de papier, la complexité de l’organisation du monde peut se modéliser via des paradigmes informatiques d’une grande modestie… Ça coule, ça se cristallise, ça se sédimente, ça s’accroît, ça s’amenuise ; ça se configure et ça se reconfigure.

Dans ce monde expérimental où les particules apprennent à coexister selon différentes lois, l’important n’est pas tant de déduire des théories de ce qui est donné à voir que de se laisser prendre au jeu des recompositions. Les artistes de « Reconfiguration des particules » ont tous pour particularité d’avoir fait un petit pas de côté vis-à-vis du réel, tout en parlant de lui avec une belle éloquence… C’est à cette langue qu’il faut s’accrocher, et non pas à la quête d’un parallélisme entre ce qu’elle dit et ce qui est. Pas d’inquiétude, on retrouvera le monde, bien à l’endroit, en quittant le Bel Ordinaire ; dans les allées de l’exposition, en revanche, et avant de regagner sagement la sortie, il faudra accepter de le regarder sens dessus dessous…

Reconfiguration des particules
Le Bel Ordinaire, Billère
Jusqu’au 21 mars 2020