Jacques Roux Images plurielles

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Entrer dans le monde pictural de Jacques Roux, c’est un peu comme effleurer l’idée d’une multitude d’univers coexistants les uns à côté des autres mais qui entretiendraient entre eux de subtiles correspondances. L’œuvre du maître palois, prospère de ses 40 et quelques années d’expansion, est plurielle, multiple, mobile et vagabonde ; elle est à l’image de son auteur, touche-à-tout aux intérêts hétéroclites, que le Mag a eu la chance de rencontrer tout récemment…

C’était à la galerie Les Voiles du Temps, où se tient jusqu’au 13 décembre une rétrospective de son travail. Jacques Roux était là, au seuil de la salle qui accueille une sélection de tout ce qu’il a produit dans sa vie, depuis plus de 40 ans qu’il est peintre et dessinateur. Sélection, on s’en doute, forcément partielle : Jacques Roux se souvient avoir peint quelque 1000 tableaux de grand format, parmi lesquels majoritairement des pastels secs qui malheureusement ne sont pas représentés aux Voiles du Temps. Mais, rassurez-vous visiteurs, ce qui y comparaît est déjà amplement suffisant pour se faire son idée de l’œuvre de l’artiste…

Tous azimuts

Se faire son idée, c’est déjà remarquer que Jacques Roux, justement, n’en manque pas, d’idées. Dans le coin d’un tableau, la tête d’une «vache qui rit» traverse le ciel comme une comète, ailleurs, un lion représentant le Comte de Monte-Cristo comparaît devant une assemblée de rats multicolores, plus loin des paquebots nous transbordent d’une poire à un citron, sur un fusain un homme à la tête gonflée comme une montgolfière s’arrache à la gravité et, par la-même, à un squelette essayant de le retenir cloué au sol. Si le style de Jacques Roux tendait davantage au naturalisme, on le jurerait suiveur de Dali, de Magritte et des surréalistes ; il leur ressemble, d’ailleurs, par une certaine fantaisie narrative et par une certaine subtilité dans l’usage des symboles. Mais les similitudes pèsent moins que les différences. A ses images, il faut trouver d’autres apparentés…

Nourritures célestes

Ces apparentés, ils ne peuvent pas être cités nommément. Certes, il y a dans un tableau quelque chose évoquant Martial Raysse, certes dans tel autre un esprit matissien, certes il y a des réminiscences un peu partout de l’expressionnisme, du constructivisme, du pop art, de la nouvelle figuration… Jacques Roux s’est nourri d’images, et cela se voit. Mais cette nourriture constituée d’images, elle n’a pas été mis en conserve et resservie tel quel sur telle ou telle toile qu’il était nécessaire de sustenter. Elle a été ingérée, digérée, transformée en petites briques nutritives élémentaires, prêtes à s’agglomérer pour former un nouveau matériau original. Jacques Roux s’est manifestement bien servi au grand buffet de l’histoire de l’art et, plus généralement, de l’histoire de l’image, en n’excluant pas, loin s’en faut, la pop culture ; il a cependant compris que l’on n’y apparaissait en tant qu’hôte de marque seulement qu’en suivant les règles de l’auberge espagnole. Ce que l’on prend, on le rend, en proposant à son tour aux autres convives sa propre cuisine. Celle de Roux, par ailleurs, ne manquant pas de sel…

Samsara

Une dernière chose avant que vous n’alliez vous forger vous-même votre propre opinion sur cette exposition… Dans un coin d’une toile, on voit peint les mots suivants : «Karma Caméléon» ; l’idée a fait son chemin : se pourrait-il que les 1000 et quelques tableaux de Jacques Roux ne soient en fait qu’une seule et unique toile, laquelle chemine au gré de ses réincarnations successives ? Ou, plus fou encore, au gré des réincarnations successives de son auteur ? Jacques Roux a dit quelque part, dans la presse, qu’il avait le sentiment parfois que quelqu’un agissait en lui et que c’est à cette action (en indien : karma) que les changements ayant concerné son travail devaient être dus. «On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve» disait le philosophe antique Héraclite ; Jacques Roux d’ajouter que le fleuve en question ne rafraîchit sans doute jamais tout à fait deux fois la même personne. Laquelle personne, parfois, peint. Et parfois, regarde ce qui est peint. Jacques Roux étant le peintre, on vous laisse deviner quelle place vous échoit, lecteur. Aussi, ne manquez pas votre tour…

Exposition Jacques Roux

Jusqu’au 13 décembre Galerie Les Voiles du Temps 87 rue Castetnau à Pau

Texte et photos : Joseph C.Lacour