Marika Lardé (Dé)collages

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Après la découverte du travail de Marika Lardé, on a un peu révisé notre histoire du collage, en feuilletant notamment Jiří Kolá, l’un des plus fameux théoriciens en la matière… Surprise, on n’a pas trouvé grand-chose s’approchant de ce que fabrique, dans son atelier, l’artiste tarbaise. Son travail n’a-t-il donc pas de précédents ? La question, en réalité, n’a pas beaucoup d’importance…

Ce qui compte, c’est que l’œuvre de Marika Lardé nous ait touché, et qu’on ait eu envie de la partager avec vous, lecteurs, lectrices. L’avoir déjà vue en vrai, vous êtes sans doute peu nombreux à en avoir eu l’occasion, sauf si vous avez honoré de votre présence, en avril 2019, l’office de tourisme de Tarbes, et/ou sauf si vous faites partie du listing de diffusion de la galerie toulousaine Atypic – mais de cette dernière probabilité, on doute, le lieu étant assez confidentiel, même des Toulousains. Il est donc plus vraisemblable que vous preniez connaissance du travail de Marika Lardé en lisant cet article… Installez-vous donc bien à votre aise, on est enchanté, au Mag, de faire dans nos pages les présentations.

Technique

Laissez-nous d’abord vous parler technique : Marika Lardé, comme dit plus haut, pratique l’art du collage. Son matériau de base, elle le trouve dans des magazines, de mode principalement. Or, vous pouvez le voir dans les œuvres que nous avons choisies pour illustrer ce portrait, il n’y a pas de figures dans les compositions de Marika Lardé. Sciemment, l’artiste tarbaise s’intéresse uniquement aux fonds, dans lesquels elle « prélève » des échantillons de couleurs et de matières. « La qualité de papier des magazines m’intéresse. J’y cherche soit des aplats de couleurs – ou de non-couleurs d’ailleurs, lorsque je sélectionne du noir et du blanc – soit des matières particulières. C’est là que je trouve le matériau de base de mon travail. » Les pages des magazines sont découpées en bandes, qui viennent recouvrir partiellement un support, lui-même pouvant être abstrait, ou pouvant consister en une photographie imprimée, elle-même abstraite ou figurative.

Expérience

La bande, c’est le « phonème » du langage de Marika Lardé, l’entité basique à partir de laquelle l’artiste va accoucher d’une composition. Mais peut-être le terme « langage » n’est-il pas le plus approprié… « Musique » conviendrait sans doute mieux, car il intègre à la fois les questions de « couleurs », de « timbres » et de « rythmes ». Le travail de Marika Lardé, il se « lit » comme une partition, puisqu’il est partition de l’espace et de la profondeur, ses compositions pouvant laisser s’accuser des reliefs importants. On y entre ou on s’y arrête, et on y suit la cadence des bandes jointes ou disjointes, les jeux de contrastes ou de ressemblances entre couleurs et matières, la continuité d’un fond strié de colonnes de papier, ou de troncs rectilignes aussi bien… Forêt ou architecture, « vivants piliers » ou charpente contemporaine, on n’hésite à dire qu’il y a du constructivisme derrière tout cela quand l’évocation d’une « nature » stylisée se fait parfois jour. Réminiscence des forêts de bouleaux peintes par Klimt, ou de la curieuse série des « Peupliers sur l’Epte » de Claude Monet. Le tout dans un vocabulaire plus structuraliste, un tempo plus accentué : les variations de Steve Reich viennent à l’oreille davantage que les virevoltes baroques de Vivaldi…

Réception

Tout est ensuite affaire de sensibilité : chez Marika Lardé, il est question d’expérimentations qui disent l’amour de l’esprit débarrassé de l’intellect. Les psychologues ont un mot pour désigner ce qu’un pareil stimuli opère sur le spectateur : le percept. Lequel s’oppose au concept, qui n’existe pas dans l’œuvre de Marika Lardé. En dehors de ce que celle-ci produit sur l’imaginaire, elle plonge surtout le regardeur dans un flot de sensations contrastés. D’aucuns en sortiront revigorés, d’autres s’empêcheront d’y tremper même l’extrémité d’un orteil. Au Mag, on s’y baigne avec bonheur. Pour ceux qui croient être dans le même cas, rendez-vous à Pau en novembre et décembre 2020, à l’espace Dantza rue Bourbaki, pour rencontrer, en vrai, l’œuvre de Marika Lardé. D’ici là, on vous laisse l’adresse de son site internet, pour poursuivre, sur d’autres supports, le voyage… « au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau ! »

www.marika-larde.com

Texte / Joseph C.Lacour – Photos / ©Camille Espigat