Omnibus
Les vrais connaisseurs de musique classique le savent bien :
il n’y a guère d’ensemble musical plus exigeant que celui du quatuor à cordes, et les plus belles pièces instrumentales (Ah, les derniers quatuors de Beethoven !) dérivent de cette formation-là… Mais quel rapport avec Omnibus, nous diriez-vous ?
Nous vous répondrions que l’association d’idée est évidente, puisque l’exposition Au-delà qui y est présentée depuis quelques jours est, comme le quatuor à cordes, une composition pour quatre mains. Et donc, pour quatre artistes : Etienne Carreno, Sarah Chalot, Jonathan Crespin-Ferru et Eloïse Lasserre. Ces jeunes gens-là sont tous récemment sortis de l’école des Beaux-Arts de Tarbes, et ont trouvé à Omnibus un premier lieu pour montrer leurs travaux. Ils se sont par ailleurs attaché, en la personne d’Erika Bretton (directrice du lieu) un chef-d’orchestre pour harmoniser dans l’espace leurs sensibilités respectives.
Royaume du sensible
Ces sensibilités, il est difficile de les résumer en un court article. Tentons toutefois de tirer un fil à partir du titre de l’exposition : Au-delà. En première instance, un mot à réveiller un mort, et il est vrai que certaines œuvres présentées à Omnibus convoquent des matériaux qui ont déjà fait « leur passage » : cornes de chevreuils et de chamois, charbon de bois, cendre d’ostensoirs et auréoles d’anciennes fumées devenues suies… Mais d’autres matières appartiennent résolument à notre « plan », ainsi d’une pierre posée simplement sur une plaque de métal qui trône au centre de la cour d’Omnibus, dans son ipséité souveraine et purement matérielle.
Ut artes poesis
La matérialité brute de la plupart des œuvres proposées vient prendre le contre-pied de l’idée d’au-delà, sans l’évacuer cependant. Plane sur l’exposition comme le spectre d’une réalité d’un autre ordre, d’un mystère… Nous vient à ce propos une citation de Garcia Lorca : « Toutes les choses ont leur mystère, et la poésie, c’est le mystère de toutes les choses. » Voilà donc le lien qui soude les œuvres exposées à Omnibus entre elles : la poésie. Celle qui se trouve derrière la matière, derrière le bois que taille le ciseau, derrière le tissu qui s’accumule en pelotes, derrière la pierre que déplace la main de l’homme… Les jeunes artistes présentés à Omnibus ont cette caractéristique commune d’un langage qui parle métaphoriquement du monde et de l’outre-monde, dans un style dépouillé et presque évident. Il ne tient qu’à vous d’être attentif à ce langage, en vous rendant à Omnibus avant le 22 février prochain, jour de clôture de l’exposition.
Omnibus
29 Av. Bertrand Barere
à Tarbes
Exposition ouverte jusqu’au 22 février du mercredi au samedi de 15h à 19h.
Entrée libre.