Lorsque nous sommes passés pour la première fois devant la boutique de Stéphanie Lorioz, nous n’avons pas pu nous empêcher d’y entrer. Et grand bien nous en prit, car nous y avons appris plein de choses et découvert un métier qui, nous l’avouons, nous était inconnu. À notre décharge, il faut dire que la dernière boutique de reliure à Tarbes avait fermé ses portes dans les années 90… À présent, il faut que les Bigourdans le sachent : Stéphanie est là pour faire revivre nos ouvrages préférés.
Mais au fait, comment en vient-on au métier de relieur ? « À la base, j’ai un cursus scientifique, nous raconte Stéphanie, j’ai travaillé pour les géants de l’agrochimique, j’ai aussi fait plusieurs années de base de données réglementaires pour l’agriculture. C’était une chance, mais pas vraiment un métier de cœur. Je voulais faire quelque chose de mes mains, qui a du sens ». En cherchant à se reconvertir, elle tombe sur une fiche descriptive de poste de relieur : « J’ai lu la fiche, et je me suis dit que ça décrivait ce que j’étais ; j’ai essayé, ça m’a plu, et j’ai préparé la formation. »
Le hasard fait parfois bien les choses : « J’ai eu la chance de récupérer tout l’atelier d’une dame qui était relieur à Castanet-Tolosan et qui a arrêté il y a une dizaine d’années ; elle souhaitait le vendre pour faire vivre ses machines, il lui était inconcevable qu’elles ne servent pas ». Les machines sont très belles : un massicot en fonte des années 1920, une cisaille d’époque – ornée d’un magnifique parchemin –, une presse imposante… « Ça fonctionne sans électricité ! », précise Stéphanie, « et j’ai également eu la chance de pouvoir récupérer du matériel de dorure ». Car sachez, lecteurs, que reliure et dorure sont deux métiers bien distincts. Stéphanie Lorioz fait les deux : « Et c’est deux fois plus de challenge », nous dit-elle.
Un livre, c’est un objet qui nous fait repenser notre rapport au temps, parfois avec beaucoup d’émotion : « J’ai là les mémoires d’un monsieur qui les fait relier pour sa femme, et ça me parle, ça me touche, ça m’émeut… Quand on travaille pour quelque chose comme ça, on donne tout. » Un livre contient une histoire, une mémoire, un savoir qui traverse les années et les siècles ; quand un texte nous est cher, il faut l’entretenir et le préserver. Il est important de savoir qu’il existe à Tarbes, depuis novembre 2021, un atelier dans lequel vous pouvez amener vos livres cassés, usés, détériorés, avec les pages qui tombent… Une fois passés entre les mains de Stéphanie, vous les retrouverez comme dans leur première jeunesse, prêts à affronter de nouveau les cycles du temps !
Reliure Stéphanie Lorioz
20 avenue de la Marne à Tarbes
Lundi, mardi, jeudi et vendredi : 9h-12h30 et 14h -17h
Mercredi et samedi matin : sur rendez-vous
www.reliure-lorioz.fr
Facebook : ReliureLorioz
Instagram : stephanie_lorioz