Aujourd’hui, le Mag a rendez-vous avec l’un des auteurs de BD les plus prolifiques du département. À 50 ans, Sébastien R. Cosset a déjà sorti treize livres aux styles différents. Entretien !
Amis lecteurs, attachez vos ceintures, nous plongeons dans l’univers de la bande dessinée. Nous allons parler dessins, cases, strips, phylactères, gros nez, gags, aventures… Soyez les bienvenus à bord du neuvième art !
Sébastien vit à Tarbes. En plus d’être auteur, il est professeur des écoles. Avant notre rendez-vous, nous nous sommes renseignés sur Internet sur son parcours et son travail, et nous avons trouvé non pas un, mais deux auteurs de BD du nom de Sébastien Cosset : « J’ai un homonyme parfait, et on fait tous les deux le même métier. Ça a donné lieu à une situation particulièrement gênante : lors d’un festival, j’ai dû expliquer au libraire qui m’avait invité que les bouquins qu’il avait commandés n’étaient pas les miens (rires). Après ça, pour éviter tout malentendu, j’ai ajouté un “R” à mon pseudo ».
Sébastien est autodidacte : « J’ai toujours dessiné. J’ai appris avec la méthode classique : j’ai commencé en décalquant des Mickey et des Spiderman, puis je les ai copiés ; ensuite, j’ai copié sans modèle, puis j’ai dessiné mes propres modèles. J’ai appris principalement avec les comics américains (Strange, Marvel, etc.) et les grands classiques comme Gaston Lagaffe, Astérix, tout le travail de Maëster… Chaque lecture m’apporte quelque chose ; c’est pour ça que je dessine les montagnes à la Tintin, les jeans à la Lucky Luke, les gros nez à la Astérix… ». Avez-vous des préférences, en matière de BD ? « Je suis ouvert à tout, que ce soit la BD franco-belge, les comics, les mangas comme Full Metal Alchemist ou Gunnm… Le tri se fait surtout par le dessin et le scénario ».
Sébastien, comment est née Rizelka, votre maison d’édition ? « Le nom est issu d’un jeu de mots pourri avec le nom de mes deux grands enfants, Éric et Elsa (rires). Quand mon fils a eu trois ans, il a visité une ferme pédagogique dans laquelle il a vu des cochons ; plus tard, on l’a amené à la Colline aux Marmottes où il a vu de vrais loups. Il en a conclu qu’un loup ne pouvait pas manger trois cochons : c’est impossible, ça fait trop ! (rires) Il est parti dans un gros délire : un loup avait mangé trop de cochons, et à présent il devait manger des légumes, se mettre au régime et faire du sport. Ça m’a fait hurler de rire, et j’ai décidé de mettre cette histoire en images pour la lui offrir. Je l’ai appelée Un loup trop gourmand ; comme je la trouvais vraiment très chouette, j’ai monté ma structure d’autoédition pour la publier et la vendre. À ma grande surprise, ça a très bien marché ; j’ai récupéré la mise de départ et j’ai fait un deuxième livre ».
Sébastien réalise un livre par an. Il a commencé il y a treize ans et a déjà sorti 13 albums. Belle performance ! Pour rester en contact avec son public, il utilise les réseaux sociaux et participe à de nombreux salons : « J’en fais environ un par mois : salon jeunesse, salon du livre, salon BD, festivals geek… ça me permet de rencontrer les lecteurs ». Grâce à son métier d’instit’, Sébastien parvient à garder une certaine distance avec le monde de la BD : « Le métier d’auteur est très difficile : j’ai la chance de ne pas être concerné vu que je suis fonctionnaire, mais entre Amazon, Fnac, etc., ce n’est pas facile d’exister. Il y a aussi l’arrivée de l’IA, qui va mettre à mal les dessinateurs, les écrivains, remettre en cause l’enseignement… Ce que je crains, c’est qu’on ne puisse rien y faire : de toute manière, l’avancée aura lieu ».
La maison d’édition de Sébastien fonctionne comme une tire-lire : « Dès que j’atteins la somme suffisante, je publie un nouveau bouquin. Le seul souci, c’est le stockage : j’ai dû carrément louer un box pour stocker les cartons ! (rires) ». La clef de sa productivité est à chercher du côté de la passion : « C’est du plaisir avant tout : j’ai envie de raconter des histoires, je les dessine, puis je les vends tranquillement dans mon coin ». Et comment trouvez-vous le temps de faire autant de livres, en plus de votre travail ? « Je dors très peu ! (rires) C’est surtout une histoire de cloisonnement : je suis instit’ du matin jusqu’à 17h ; de 17h à 22h, je suis père, mari, etc., et après 22h, c’est à moi. C’est le moment où je travaille ». Merci, Sébastien !