Que les esprits inquiets se rassurent : à l’heure où nous écrivons ces lignes, le « passeport vaccinal » n’est pas à l’ordre du jour, et peut-être ne le sera-t-il jamais. Il est pourtant déjà le sujet d’une incroyable ligne de faille séparant les Français en deux, et ce d’une manière tout à fait curieuse.
D’aucuns risquent de crier au complot. D’après une consultation citoyenne librement accessible sur internet diligentée par le Conseil Économique, Social et Environnemental, environ 70% des Français se disent fortement opposés à l’instauration d’un Passeport Vaccinal, celui-ci entendu comme un document, papier ou numérique, attestant du fait que vous êtes immunisé contre le Covid, et vous autorisant à accéder à certains endroits interdits à ceux qui n’en seraient pas munis. 70%, c’est beaucoup. MAIS, un sondage organisé par OpinionWay, lui, dresse un constat quelque peu différent : seul 50% des Français environ seraient en fait opposés au Passeport Vaccinal, les quelque 50% restants lui étant, donc, favorables.
Qui croire ? Au risque de déplaire, plutôt le sondage. Celui-ci est, comme n’importe quel sondage, établi avec un panel de sondés censé refléter la diversité d’opinions des citoyens français. La consultation librement accessible du CESE, pour sa part, est de fait disqualifiée pour dire la réalité du terrain : n’importe qui peut venir y dire son avis, et l’on sait si, dans ce genre de cas, les mécontents sont toujours plus prompts à se manifester. Et les réseaux sociaux de les engager à l’être encore davantage…
50 / 50 donc, sans tenir compte de la marge d’erreur. Que dire à ce sujet ? Le Passeport Vaccinal, bien entendu, est le gage d’une réouverture plus précoce de nombre d’établissements, et donc d’une reprise plus rapide de l’économie. Cela est indiscutable. D’un autre côté, il est évidemment l’instrument d’une discrimination, en même temps que l’indice, s’il est un jour mis en place (rappelons-le, ce n’est pas à l’ordre du jour), d’une hypocrisie. Le gouvernement ne peut pas promettre d’un côté qu’il ne rend pas le vaccin obligatoire, et d’autre part interdire aux non-vaccinés les libertés offertes aux autres. Et qu’importe si le bon sens dit que le vaccin est actuellement la seule solution pour sortir de la crise. En France, on est libre, aussi, de se tromper. On voulait quand même, sur ce point, faire une petite piqûre de rappel.