Il y a peu de temps, Mark Zuckerberg annonçait l’embauche de 10 000 personnes pour œuvrer à la conception d’un « metaverse », plus ou moins voué à remplacer Facebook, et pouvant possiblement révolutionner Internet. C’est quoi ce truc ? Rien qui n’existe déjà. L’idée de Zuckerberg, c’est d’organiser les échanges entre les internautes dans un « environnement virtuel » qui rappellerait notre monde, et dans lequel on aurait un avatar. Une sorte de jeu vidéo, en somme, mais sans « narratif vidéo-ludique ». Vous n’aurez, dans ce métavers (méta-univers) qu’à interagir avec d’autres habitants du métavers, exactement comme vous le faites déjà sur Facebook, mais dans un décor 3D dont on imagine déjà qu’il sera par ailleurs fortement sponsorisé.
Des expériences de ce type, vous en trouvez d’autres exemples ayant eu plus ou moins de succès. « Second Life » en est un, et il est vrai que la création de cet univers virtuel avait, en son temps, suscité enthousiasme et curiosité. Il s’y trouve certes encore quelques centaines de milliers d’inscrits actifs.
Il y a aussi « Fortnite ». Initialement jeu en ligne fortement plébiscité par les jeunes générations, la plate-forme a expérimenté diverses choses qui permettent aujourd’hui de le rattacher (aussi) au genre du métavers. Le chanteur Travis Scott, par exemple, y avait donné une série de concerts virtuels en 2020 : plus de 25 millions de joueurs y avaient assisté, quand même.
Zuckerberg vend son projet de métavers en y adjoignant la réalité virtuelle – rien que de très normal, puisque Facebook est propriétaire du fabricant de casques de réalité virtuelle Oculus : cela sera-t-il suffisant ? Facebook voit la publication quotidienne de centaines de millions de contenus écrits : quel avenir pour ceux-là, et sont-ils remplaçables ? Et puis : le virtuel sera-t-il suffisamment séduisant pour remplacer partiellement le réel ? Ne continuerons-nous pas à préférer un concert « in real life » qu’une imitation numérique animée par un avatar ? On peut se tromper, mais il nous semble que le métavers Facebook semble déjà terriblement décevant, alors même qu’il n’a pas encore été conçu. Et s’il y a bien quelque chose que nous a appris le monde réel, c’est que c’est du désir dont procède l’usage. Un méta-monde, même virtuel, ne devrait rien pouvoir entreprendre pour changer cet état de fait…