Le marbre des Pyrénées est, de base, absolument splendide ; une fois passé entre les mains de Jean-Jacke Lorinet, il prend une dimension nouvelle : sous l’effet de l’inspiration, il devient une œuvre d’art.
Le Mag vous encourage fortement à vous rendre à l’exposition « Rêve… errance » proposée par l’Office de Tourisme de Tarbes jusqu’au 31 mai. À côté des magnifiques aquarelles de Françoise Cambianica – dont nous vous reparlerons bientôt, vous pourrez (re)découvrir le travail épatant de Jean-Jacke Lorinet.
Jean-Jacke Lorinet sculpte le marbre des Pyrénées depuis une trentaine d’années : « Avant, je sculptais la pierre des Charentes, une pierre douce, tendre, que l’on peut travailler avec des ciseaux à bois ». Pourquoi avoir changé pour le marbre ? « J’ai eu besoin de me dépenser, me défoncer la tête et le corps, et j’ai commencé à travailler le marbre car c’est très physique. Aujourd’hui, ça l’est beaucoup moins parce que le matériel permet de travailler plus aisément, mais quand j’ai commencé… c’était au marteau et au burin ! ».
Avant de travailler la roche, Jean-Jacke sculpte les mots. Un dialogue prend forme entre lui et sa future création, puis un véritable combat physique s’engage contre la pierre : marteau-piqueur, scie, marteau, burin, ciseaux… Relation charnelle. « Ma première passion reste l’écriture. J’écris des nouvelles… mais je me les garde ! (rires) ». Preuve que ses mots ont aussi du poids, Jean-Jacke a obtenu la médaille des Arts, des Sciences et des Lettres pour ses écrits. « J’écris avant de sculpter. La pierre me parle, je sais ce que je vais lui faire, mais avant de commencer à travailler dessus, j’écris. En sculptant, je ressens les mots que j’ai écrits ». L’inspiration, après avoir été captée par Jean-Jacke, prend forme dans la poésie souple des mots, puis s’incarne dans la poésie brute de la pierre.
Comment apprend-on à sculpter le marbre ? « En ce qui me concerne, je suis complètement autodidacte. Un jour, un professionnel a voulu me donner des cours, mais j’ai dit “non” : je voulais faire la connaissance des outils tout seul, je n’avais pas envie qu’on me dise “Tu fais comme ci ou comme ça” ». Jean-Jacke refuse d’intellectualiser son art : « Souvent, les gens vont chercher midi à quatorze heures alors que c’est l’inspiration qui entre en jeu ; il n’y a rien d’intellectuel ». Des projets pour la suite ? « J’aimerais faire des choses beaucoup plus grandes ; j’aimerais travailler une pierre de 3 ou 4 tonnes. J’ai plein d’idées en tête, ce n’est pas l’inspiration qui manque… ce sont les bras ! (rires) ».
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