Le Bagnérais Gautier Bonnecarrère a marqué l’édition 2024 de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc (UTMB) en décrochant une magnifique 9e place. Retour sur son parcours, son amour pour la montagne, et sur les coulisses de cette performance exceptionnelle.
21 heures, 45 minutes et 16 secondes. C’est le temps qu’a mis Gautier, 31 ans, pour parcourir les 171 km et 10 000 mètres de dénivelé positif du fameux UTMB. Ce chrono lui a permis de s’imposer dans le Top 10 de cette course mythique, mondialement réputée pour sa difficulté et son ambiance hors normes. Entretien.
Gautier a grandi à Bagnères-de-Bigorre. Passionné de montagne depuis toujours, il a découvert le trail il y a cinq ans lors d’une rando : « Avec mon frère, on s’était lancé le défi de faire le GR10 depuis Hendaye jusqu’au lac d’Estaing en deux semaines. Sur le chemin, on croisait les coureurs de la TransPyrenea qui faisaient la traversée en sens inverse, et j’étais interloqué de voir que dans le même laps de temps que nous, ils avaient la chance de voir toute la chaîne des Pyrénées. Ils m’ont donné envie d’acheter ma première paire de baskets ! (rires) ». Dès ses premières foulées, il est devenu accro au trail et n’a cessé de progresser. En janvier 2023, il s’est professionnalisé : il a signé un contrat avec La Sportiva, ce qui lui permet de consacrer plus de temps à sa passion tout en conservant un emploi à temps partiel dans l’informatique. Aujourd’hui, Gautier vit toujours à Bagnères-de-Bigorre, où il bénéficie d’un cadre idéal pour s’entraîner.
En 2022, le Bigourdan avait déjà participé une première fois à l’UTMB, mais des douleurs aux jambes l’avaient contraint à abandonner au 135e km. Avait-il une revanche personnelle à prendre ? « Non, je n’avais pas d’animosité ; je voulais faire les choses naturellement, et prendre du plaisir à parcourir les montagnes. J’étais centré sur le sentiment de plénitude, et les choses se sont déroulées exactement comme je les avais imaginées. Quand ça se passe comme ça… ça fait plaisir ». L’UTMB est l’une des courses d’ultra-trail les plus prestigieuses au monde, rassemblant l’élite internationale des coureurs sur un parcours exigeant autour du Mont-Blanc. Dans le monde du trail, elle est considérée comme l’équivalent d’un championnat du monde : « Niveau émotion, c’est unique. C’est comparable à l’ambiance du Tour de France. En début de course et à l’arrivée, il y a énormément de monde, les gens hurlent, il y a des fumigènes… Cette ferveur nous permet de nous transcender et d’aller chercher des performances qu’on ne pourrait pas réaliser seul à l’entraînement ».
Gautier n’en est pas à son premier défi. Avant de se spécialiser dans le trail, il a exploré d’autres formes d’ultra-endurance ; il a par exemple fait une traversée de 67 heures en vélo entre l’Etna et le Vésuve. Pour l’UTMB 2024, il avait mis en place une stratégie précise : « Par rapport à la première fois, je voulais être plus mesuré dans mes efforts jusqu’au 135e kilomètre, puis accélérer sur la fin. C’était une stratégie plutôt défensive, mais j’avais besoin de finir la course pour avoir des repères et revenir une prochaine fois ». Ah bon ? Quand ? L’an prochain ? « Mmh… Plutôt dans deux ans. L’an prochain, j’ai le mariage d’un ami qui tombe en plein dans le week-end de la course ! (rires) »
L’arrivée de l’UTMB à Chamonix était mémorable : « C’était dingue. Il y avait des milliers de personnes dans les rues, de la musique à fond… les gens nous tapaient dans la main sur plusieurs kilomètres… J’ai reçu beaucoup de messages, je me suis rendu compte que les gens sont heureux de vivre la performance à travers nous, et c’est génial de partager ça avec tout le monde ». Malheureusement, à l’issue de la course, Gautier était trop fatigué pour fêter sa très belle 9e place : « Ah non, pas du tout, j’étais même plutôt en forme ! (rires) On a commandé des pizzas, des amis ont ramené du champagne, on a bu quelques verres… Quand il faut célébrer, on est toujours présent ».
Pour la suite, Gautier va continuer à évoluer dans le monde du trail : « J’aime la manière dont les choses se passent, donc je vais continuer à m’améliorer et à prendre du plaisir. Faire de la compétition à ce niveau n’est pas quelque chose que j’avais prévu, du coup je prends ça comme un bonus : chaque course, chaque évènement est une fête ». En dehors de la montagne, il est également passionné de musique ; dans un passé pas si lointain, il animait même des soirées en tant que DJ, et il a gardé un goût prononcé pour les galettes en vinyle à tendance soul, funk, jazz, musique d’Afrique, des Antilles… Est-ce que c’est le genre de musique qu’il écoute lorsqu’il s’entraîne en montagne ? « Non ; quand je cours, j’écoute plutôt des podcasts de sport, de philo… J’aime bien aussi me déconnecter et écouter les bruits de la nature ». Gautier, le Mag vous souhaite une excellente route… une route au pas de course, bien sûr !
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