Avez-vous remarqué que, lorsque l’on pense à certaines saisons, il est des lieux qui viennent immédiatement à l’esprit de sorte qu’ils semblent y être naturellement liés ? Si l’on vous dit été, vous répondez : plage. Si l’on vous dit hiver ? Montagnes bien sûr ! Et si l’on vous dit automne, on gage que, comme nous, vous serez bien vite pris de senteurs de mousse et d’humus, et de l’envie de marcher sur un épais tapis de feuilles mortes. Vous y êtes ? Vous êtes en forêt !
Or qui de mieux placé pour parler de « forêt » que l’établissement qui dédie la quasi-exclusivité de son activité à l’entretien et la préservation de celle-ci ? Quartier Kennedy, à Tarbes, se trouvent les bureaux de l’Agence Pyrénées-Gascogne de l’Office Nationale des Forêts : son directeur, Jean Lou Meunier, à la tête de l’agence depuis 2017 mais pouvant par ailleurs se targuer d’une carrière 100% forestière, a accepté de nous y recevoir…
Et l’on n’a pu résister à l’envie, déjà, d’en savoir davantage sur la mission de la structure qui nous accueillait : l’ONF, c’est quoi au juste ? « Depuis l’origine, c’est-à-dire 1965, nous sommes un Établissement public à caractère industriel et commercial sous double tutelle du Ministère de l’agriculture et du Ministère de l’environnement (actuellement : de la Transition écologique). Et du fait que nous soyons un EPIC découle le fait que nous soyons à la fois financés pour des missions de service public – qui sont celles, grosso modo, du « garde forestier », mais que nous ayons aussi à aller chercher une partie de notre budget à travers des prestations de travaux ou des services » explique Jean Lou Meunier. Avant de préciser : « Pour faire simple, nous sommes chargés de la gestion des forêts appartenant à l’État, que nous appelons les forêts domaniales, et nous les gérons en quelque sorte comme si nous en étions les propriétaires, en assumant les frais liés à leur préservation et en en recueillant les recettes, notamment celles provenant de la coupe et de la vente du bois. Pour les forêts appartenant à des collectivités, des communes par exemple, on assume tout ce qu’un gestionnaire forestier doit à un propriétaire forestier : nous établissons les documents de gestion de massif forestier, nous assurons la surveillance et la police de la forêt. Libre aux collectivités, en revanche, de faire appel à d’autres prestataires que nous pour ce qui concerne les travaux forestiers à entreprendre. Même si nous le faisons aussi ! »
Vaste programme, non ? D’autant que les forêts domaniales et les forêts des collectivités, en Bigorre, cela représente environ la moitié des forêts tout court ! « Soit 70 000 hectares » précise Jean Lou Meunier. 70 000 hectares dont il faut assurer la surveillance, veiller à la pérennité, veiller à l’accessibilité aussi, toutes les forêts publiques étant, comme leur nom l’indique, publiques. On en passe ! Avec Jean Lou Meunier, on parle du quotidien des techniciens de l’ONF, des coupes et des manières de les mener (le débardage par câble, toute une aventure !), des études scientifiques et techniques de toutes natures, des initiatives engagées en faveur de la biodiversité, en faveur de l’équilibre forêt / gibier, des travaux post-tempêtes, du reboisement des zones sinistrées, de la gestion des réserves biologiques intégrales (la forêt de Très Crouts, à Saint-Pé, en est un illustre exemple départemental)… Il y en a qui, vraiment, peuvent se vanter d’avoir un beau métier.
On en a profité aussi pour prendre des nouvelles de nos forêts. Il y a, concernant celles-ci, un certain nombre de fantasmes qui circulent, notamment sur leur état de santé. Jean Lou Meunier, sur ce chapitre, se veut plutôt rassurant : « Des dépérissements de certaines forêts françaises du fait du dérèglement climatique, cela existe : on constate des dépérissements sur des populations de chênes dans la Loire, des dépérissements de hêtres dans les Vosges et le Jura, et même de sapins dans les Alpes. Mais le Sud-Ouest, a fortiori le massif pyrénéen, est globalement épargné. » Et quand on lui parle du projet Florian, Jean Lou Meunier rappelle que 50% des forêts hautes-pyrénéennes appartiennent soit à l’État soit aux collectivités, et que l’arrivée d’une scierie industrielle sur le territoire ne changera pas cet état de fait, ni le régime forestier qui s’y applique. « Pour les forêts communales, par exemple, les maires sont les derniers décideurs. Ils peuvent donc très bien choisir de ne pas vendre le bois coupé dans leurs forêts… Que le volume annoncé par la scierie Florian telle qu’elle se présente puisse impressionner, en revanche, on peut le comprendre. Rappelons qu’il y a une étude en cours, diligentée par le préfet sous le patronage de la Région et du commissariat des massifs. Les décideurs politiques auront ensuite à décider de ce qui doit être fait. »
On tente une conclusion poétique ? L’on a demandé à Jean Lou Meunier vers quel massif forestier du département allait sa préférence. Dans un sourire, il nous a répondu : « Je reconnais que la haute-vallée de l’Adour, c’est une zone qui me plaît beaucoup… » Tout en rappelant aussi que les forêts remarquables, dans les Hautes-Pyrénées, ce n’est pas ce qui manque !
« Je pense aux alentours de Barèges, à la vallée du Rioumajou près de Saint-Lary, au secteur de Bareilles, à la Barousse en elle-même, au secteur de Cauterets, à la forêt de Très Crouts à Saint-Pé-de-Bigorre… En plaine, aux coteaux du Bois du Commandeur et de la zone Séméac / Aureilhan / Orleix. Et j’en oublie sans doute beaucoup.» Bref, on est tombé d’accord : si on aime la forêt, de par chez nous, il y a de quoi se promener. Et comptez sur Jean Lou Meunier pour qu’il en soit toujours ainsi : sous sa direction, dans notre département, l’ONF veille.
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